Bilan Prévention pour IDEL : Déroulé, facturation, outils

C’est ainsi qu’est né le dispositif Mon Bilan Prévention en France.

Mon Bilan Prévention, c’est avant tout un temps d’échange privilégié entre votre patient et vous, qui peut faire naître une réelle prise de conscience des mauvaises habitudes, et qui peut surtout amener votre patient à reprendre sa santé en mains.

S’il existe depuis plus d’un an, dans la pratique, cet outil est réellement accessible depuis juin 2024, et vous êtes encore peu nombreux à connaitre l’étendue de ses possibilités, et les objectifs qu’il vise.

Pourtant, en tant que professionnel de santé, vous êtes son ambassadeur auprès des usagers, et le garant de son succès.

Alors, qu’est-ce que Mon Bilan Prévention, et comment pouvez-vous l’exploiter pleinement et l’intégrer dans votre pratique ?

Définition et objectifs :

Mon Bilan Prévention a officiellement été annoncé le 25 janvier 2024 par la CNAM, avec pour objectif de mieux prévenir les maladies chroniques évitables, leurs complications, les hospitalisations qui en découlent, et leur coût pour la société.


Aujourd’hui, 1,8 millions de Français sont en ALD, 52% des plus de 50 ans déclarent avoir un problème de santé chronique, et les maladies chroniques représentent 86% des causes de décès en Europe.

Avec le vieillissement de la population et les perspectives annoncées à moyen terme, il fallait réagir et créer un dispositif permettant à vos patients de mieux vieillir.

Comme son nom l’indique, le Bilan de Prévention est une évaluation globale qui permet de repérer les risques individuels et de mettre en place, en concertation avec votre patient, les actions de prévention personnalisées qui lui permettront de réduire ces risques, et de se réapproprier sa santé.

Ces actions de prévention, ou recommandations prioritaires, varieront en fonction de la tanche d’âge à laquelle appartient votre patient, qui doit impérativement s’investir dans sa prise en charge. Sans lui, rien ne sera possible.

Le Bilan de Prévention permet notamment de faire le point sur :

  • Les habitudes de vie (alimentation, activité physique, sommeil…)
  • Les facteurs de risques et les maladies chroniques
  • Les vaccinations et les dépistages.
infirmiere en tenue

Public cible

Il concerne tous les assurés majeurs, aux différents moments clés de leur vie.

Les tranches d’âge cibles sont les :

  • 18 – 25 ans
  • 45 – 50 ans
  • 60 – 65 ans
  • 70 – 75 ans.

En principe, les organismes d’assurance maladie invitent les usagers éligibles à compléter un auto-questionnaire, qui vous servira de base lors de l’entretien.

Impact des bilans préventifs :

Comme mentionné ci-dessus, outre l’amélioration de la qualité de vie des usagers, le Bilan de Prévention doit aussi permettre de réduire jusqu’à 30 % des hospitalisations pour ces maladies évitables, mais aussi les dépenses de santé publique de manière significative.

Rôle éducatif et proximité avec les patients :

En tant qu’infirmier, vous intervenez régulièrement au domicile de vos patients.

Une relation de confiance s’instaure.

Grâce à cette relation privilégiée, se sentant écouté sans jugement, votre patient pourra se livrer en toute sérénité, et accueillir vos conseils.

Vous pouvez ainsi personnaliser plus facilement les recommandations, et les sensibiliser aux comportements sains, aux dépistages et à la vaccination.

Collaboration interdisciplinaire :

Un fois le bilan complet, si vous détectez un risque qui n’est pas connu, vous initiez une consultation avec le médecin traitant de votre patient.

Dans le cas contraire, transmettez-lui vos conclusions.

Et, pour optimiser le parcours de soins, vous pouvez aussi mettre en place des partenariats avec les autres effecteurs : médecins, pharmaciens et les sages-femmes, si besoin est.

Autonomie renforcée grâce à la vaccination :

À l’instar des vaccins, que vous pouvez prescrire et administrer de manière autonome depuis 2023, vous pouvez également initier Mon Bilan Prévention, en propre.

En revanche, là où vous devez suivre une formation spécifique et vous déclarer en tant que prescripteur de vaccins, vous n’avez aucune démarche supplémentaire à effectuer pour devenir effecteur du bilan de prévention.

Étapes clés :

Repérage des risques individuels :

Un auto-questionnaire et une fiche de repérage des risques sont à remplir par votre patient pour évaluer les risques individuels. Ils sont disponibles en ligne, et peuvent être renseignés en amont du rendez-vous pour gagner du temps. On le trouve notamment sur Mon Espace Santé.

Ils permettent d’analyser différents thèmes liés à la prévention, considérés comme prioritaires :

  • Maladies chroniques : cardiovasculaires, diabète
  • Activité physique, sédentarité
  • Habitudes alimentaires
  • Addictions
  • Sexualité
  • Santé mentale
  • Vaccination …

À noter que la précarité et l’exclusion majorent les risques.

N’hésitez pas à cibler les questions en fonction de l’âge, du genre, et des conditions de vie et de travail de l’usager que vous interrogez.

Priorisation des sujets à traiter :

À l’issue de cette étape, vous vous mettez d’accord sur 1 à 2 sujets à traiter en priorité. Cette décision partagée est importante pour que votre patient devienne acteur de sa santé.

Plan Personnalisé de Prévention (PPP)

À l’issue du bilan, vous établissez le Plan Personnalisé de Prévention (PPP) avec votre patient.

Il doit comporter :

  • Les objectifs prioritaires en santé.
  • Les actions à entreprendre pour modifier le comportement et les habitudes de vie.

Les conseils prodigués doivent répondre aux préoccupations de votre patient, et être formulés avec bienveillance.

Le PPP permet aussi d’orienter votre patient vers :

  • des ressources : téléphoniques, en ligne, associatives (Tabac Info Service ou Alcool Info Service, par exemple)
  • d’autres professionnels de santé : diététicien, médecin, psychologue, ergothérapeute…

Dans ce cas, veillez à ce que ces solutions entrent dans le budget de votre patient, si certaines d’entre elles sont payantes.

Le PPP est ensuite transmis au médecin traitant via le Dossier Médical Partagé (DMP).

À noter que vous devez aussi signaler les obstacles rencontrés lors du changement des habitudes de vie ou ceux susceptibles d’impacter l’implication de votre patient.

Durée et organisation :

En règle générale, l’entretien dure de 30 à 45 minutes.

Pour gagner du temps, vous pouvez demander à votre patient de remplir l’auto-questionnaire et de préparer les documents suivants : carnet de vaccination, dernières analyses, ordonnances récentes…

Facturation et prise en charge :

En principe, réaliser des Bilans de Prévention ne demande aucune formalité particulière préalable.

En revanche, si vous souhaitez élargir vos interventions hors du cadre de votre patientèle habituelle, vous pouvez vous enregistrer en tant qu’effecteur sur santé.fr.

Vous vous y connectez avec votre CPS ou e-CPS : vous y trouverez un onglet nommé « Bilan prévention » sur lequel vous cliquez. Une fois les informations saisies, vous figurerez dans l’annuaire dédié aux bilans de prévention.

Le Bilan de Prévention est rémunéré à hauteur de 30 € pour les professionnels de santé exerçant en métropole, et 31.50 euros pour ceux qui exercent dans les DROM.

La clé à utiliser est « RDI ».

Vous vous identifiez en tant que prescripteur.

Le Bilan de Prévention est pris en charge à 100% par les organismes d’assurance maladie.

À noter qu’une lettre est dédiée à chaque professionnel pour garantir la traçabilité.

En principe, aucun acte supplémentaire ne peut être facturé concomitamment au Bilan de Prévention sauf si vous réalisez un acte de prévention issu d’un programme de santé publique, tel que l’acte de vaccination (AMI 2,4 ou AMI 3,05), et seulement si ce dernier a été identifié lors de la réalisation du bilan.

Aucune majoration ne peut être facturée à l’exception des frais de déplacement, quand le bilan est réalisé au domicile des usagers.

Santé physique :

Tout d’abord, tout comme vous le faites déjà lorsque vous réalisez votre anamnèse, lors du Bilan Prévention, vous :

  • Mesurez les paramètres vitaux : tension artérielle, poids, IMC, glycémie…
  • Relevez les antécédents médicaux et familiaux.
  • Faites le point sur le suivi des maladies chroniques : diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires.
  • Évaluez l’autonomie de votre patient.

Habitudes de vie :

Ensuite, vous vous intéressez aux habitudes de vie de votre patient : alimentation, activité physique, consommation de tabac/alcool, habitudes à risques …

Santé mentale et sociale :

Puis, vous évaluez les risques psycho-sociaux : sommeil, vie affective, familiale et sociale, conditions de travail, environnement, dépistage de l’anxiété, du stress chronique, et des violences et maltraitances…

Prévention et dépistages :

Enfin, vous faites le point sur le statut vaccinal (respect des schémas vaccinaux), et sur les dépistages recommandés en fonction de l’âge (cancers, santé bucco-dentaire …).

Certains outils peuvent vous aider à réaliser correctement le Bilan de Prévention. On y retrouve :

Les outils numériques :

Il s’agit surtout des :

• Applications de suivi des paramètres de santé : Mon Suivi Santé, Mes Vaccins…

• Plateformes pour accéder aux guides de prévention : Santé.fr, Assurance Maladie Pro…

À noter qu’il existe aussi des livrets d’accueil et des dépliants pédagogiques traitant de différents thèmes liés à la prévention. Vous pouvez également les utiliser comme supports.

Questionnaires et grilles d’évaluation :

On y trouve les grilles que vous avez l’habitude d’utiliser telles que le Mini Nutritional Assessment, les scores de risque cardiovasculaire, les questionnaires d’activité physique, l’échelle de Hamilton, etc.

Formation continue :

Et, si vous avez besoin d’une remise à niveau ou de perfectionner vos connaissances sur différentes thématiques liées à la prévention, comme la vaccination, l’obésité, ou les conduites addictives, n’hésitez pas à vous inscrire à des actions de formation.

Il en existe de nombreuses, y compris certifiantes.

Sinon, vous pouvez vous inscrire à des ateliers pratiques pour approfondir les techniques d’entretien motivationnel et les interventions brèves, indispensables pour renforcer la motivation de votre patient.

Gestion du temps :

Afin de pouvoir répondre à la demande et mieux vous organiser, vous pouvez proposer des créneaux dédiés aux bilans durant vos permanences au cabinet, par exemple.

À noter que vous pouvez indiquer que vous réalisez les Bilans de Prévention sans que ça ne soit considéré comme de la publicité.

Vous trouverez une affiche dédiée sur le portail de votre URPS, rubrique « Boîte à outils », puis cliquez sur le lien « Prenez RDV avec votre infirmier.e », et imprimez le flyer, que vous pouvez afficher au sein de votre cabinet.

Adhésion des patients :

Pour engager votre patient dans ce « contrat de soins », utilisez des techniques de communication motivationnelle.

En effet, être bienveillant et considérer votre patient comme votre partenaire dans ce processus, favorise non seulement la confiance et les échanges, mais cela l’encourage surtout à modifier les comportements qui nuisent à sa santé.

Formation et montée en compétences :

Encore une fois, si vous souhaitez vous investir, actualiser ou approfondir vos connaissances, et acquérir les outils spécifiques, n’hésitez pas à vous former.

Comme vous le savez, aujourd’hui 14,5 millions de Français ont plus de 65 ans, et on estime que d’ici à 2 030, un Français sur 3 aura plus de 60 ans.

Avec le vieillissement de la population, les maladies chroniques et les handicaps, vont eux aussi augmenter.

Heureusement, vieillir en mauvaise santé n’est pas une fatalité, surtout quand on peut agir en amont de la maladie ou du handicap.

C’est dans ce but que Mon Bilan Prévention a été créé, mais aussi pour que vous preniez pleinement votre place dans les actions de prévention.

Alors, si vous souhaitez vous investir dans cette mission, et optimiser votre impact sur la santé publique, n’hésitez pas à intégrer les outils spécifiques dans votre pratique, et à vous former.

Et, encouragez vos patients à réaliser leur Bilan de Prévention.

Enfin, si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager à vos collègues.

Source :

Ameli

URPS

Santé.fr

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