Bronchiolite aiguë chez le nourrisson : symptômes, prévention et traitements

Elle est principalement causée par le Virus Respiratoire Syncytial (VRS), qui sévit en automne et en hiver, avec un pic en décembre.

En France, 30% des enfants de moins de 2 ans contractent le virus, chaque hiver. La moitié des enfants contaminés ont moins de 6 mois.

La bronchiolite est la première cause d’hospitalisation chez les nourrissons de moins de 1 an.

Si elle est sans gravité dans la majorité des cas, elle peut aussi entraîner des complications sévères, notamment quand elle touche les nourrissons de moins de 3 mois.

Définition :

La bronchiolite est une maladie des voies respiratoires inférieures qui touche environ 480 000 nourrissons chaque hiver.

Elle se caractérise par :

  • une inflammation aiguë, un œdème et une nécrose des cellules épithéliales qui recouvrent les bronchioles ;
  • une augmentation de la production de mucus et des expectorations.

Les bronchioles s’obstruent, l’air circule de plus en plus difficilement, et la respiration devient rapide et sifflante.

Causes :

Dans 8 cas sur 10, elle est due au Virus Respiratoire Syncytial (VRS), mais elle peut également être causée par un autre virus respiratoire (rhinovirus, adénovirus…) ou par une bactérie (Hæmophilus influenzae de type B, par exemple).

Les nourrissons nés prématurément et ceux ayant des comorbidités sont particulièrement vulnérables au VRS.

bébé en pleurs

Mode de transmission :

Le virus est présent dans la salive et les sécrétions nasales. Il se transmet :

  • soit par contact direct : sécrétions bronchiques (éternuements, postillons, toux, mouchage), embrassades…
  • soit par contact indirect : mains ou objets contaminés par la salive (jouets, aliments …).

La période d’incubation est de 5 jours.

Bien que ses symptômes soient impressionnants, la bronchiolite est le plus souvent bénigne.

Les premiers jours, l’évolution de la bronchiolite est d’allure banale.

On observe surtout une congestion nasale et les signes rhino-pharyngés typiques des affections des voies aériennes.

Puis, une toux sèche apparait progressivement, accompagnée d’une fièvre élevée à modérée.

S’ensuivent les premières gênes respiratoires, qui évoluent en même temps que les quintes de toux, qui deviennent de plus en plus fréquentes, et sont associées à des épisodes de polypnées plus ou moins sévères.

La dyspnée est accompagnée de respirations sifflantes, et bruyantes à l’expiration.

On observe alors des signes de lutte : battement des ailes du nez, tirage intercostal, balancement thoraco-abdominal et polypnée > 40/mn.

À l’auscultation, on retrouve des sibilances et des crépitements.

Avec les difficultés respiratoires, peuvent apparaître :

  • des vomissements provoqués par les quintes de toux,
  • des difficultés à téter, boire ou dormir,
  • une perte d’appétit et une fatigue,
  • des apnées,
  • une fréquence respiratoire > 60/mn,
  • une cyanose, des sueurs, ou encore des troubles de la conscience.

Dans les cas les plus sévères, relevant de l’urgence absolue où l’intubation et/ou la réanimation sont nécessaires, on observe des signes d’épuisement, l’arrêt des signes de lutte, et des épisodes d’apnées prolongées associés à une bradycardie.

Ces signes d’une extrême gravité sont surtout observés en milieu hospitalier. Au domicile, vous aurez déjà réagi dès les premiers signes alarmants.

En règle générale, la détresse respiratoire dure de 2 à 3 jours, puis régresse. La toux et l’encombrement diminuent progressivement, et disparaissent après 10 jours.

Toutefois, une légère toux résiduelle peut persister une quinzaine de jours.

À noter que vous pouvez évaluer les signes de gravité de la bronchiolite grâce au Score de Silverman, qui peut facilement être utilisé au domicile.

Un score supérieur à 5 évoque une détresse respiratoire, qui nécessite une prise en charge précoce.

Outre, la mise en place des petits moyens habituels destinés à enrayer les premiers symptômes communs aux maladies respiratoires, évaluer la gravité de la bronchiolite vous aide à déterminer l’ensemble des soins à apporter à votre petit patient, pour sécuriser sa prise en charge.

Pour cela, vous devez tenir compte :

De l’âge du nourrisson que l’on vous confie : en deçà de 6 mois, le petit malade est plus à risque de développer les complications.

  • Des symptômes : si les plus courants sont la toux, la fièvre et la déshydratation, vous devez être attentifs aux signes évocateurs d’aggravation, et contrôler régulièrement l’état respiratoire (fréquence, amplitude, saturation en oxygène, signes de cyanose ou d’hypoxie…), mais aussi la fréquence cardiaque, les signes de surinfection, les signes de somnolence
  • Des antécédents du nourrisson : prématurité, déficit immunitaire, maladie cardiaque ou respiratoire, myopathie …
  • De son environnement : exposition au tabagisme passif, vie en collectivités (crèches)…

La prise en charge de la bronchiolite à domicile, consiste à soulager les symptômes et à prévenir les complications.

Votre rôle consiste à veiller à ce que les voies respiratoires soient dégagées, à ce que le nourrisson ne soit ni déshydraté ni dénutri, et à ce qu’il soit le plus confortable possible.

La prise en charge infirmière :

En tant qu’infirmier, votre prise en charge sera basée sur la surveillance clinique du nourrisson, parfois associée au nursing, et sur l’éducation du parent-ressource :

  • hydratation et alimentation fractionnées et régulières,
  • installation en position proclive dorsale à 30°,
  • lavages nasaux réguliers de préférence avant les repas,
  • respect des règles d’hygiène par toutes les personnes qui gravitent autour du patient.

Vous informez aussi les parents de la conduite à tenir en cas d’aggravation de l’état général ou respiratoire du nourrisson.

Dans les cas plus sévères, certains soins ou certains traitements peuvent être prescrits, y compris par perfusion : alimentation, hydratation, électrolytes, antibiotiques, oxygène en cas d’hypoxie, aérosols de broncho-dilatateurs, aspirations bronchiques douces …

À noter que la prise d’antibiotiques n’est recommandée qu’en cas de surinfection bactérienne, et les antipyrétiques, uniquement si la fièvre est importante.

La kinésithérapie respiratoire :

La kinésithérapie respiratoire n’est pas systématiquement prescrite. Elle n’est recommandée que dans certains cas où l’encombrement bronchique obstrue les voies respiratoires.

À l’instar de vos collègues infirmiers, votre rôle est de soulager les symptômes respiratoires du nourrisson, d’améliorer sa ventilation et de réduire les risques de complication.

Pour cela, vous disposez de différentes techniques comme :

  • le drainage postural ;
  • l’aspiration douce des sécrétions ;
  • les exercices respiratoires …

En général, vous intervenez 1 à 3 fois par jour, à distance des repas.

Les principales complications rencontrées, et qui nécessitent soit une consultation médicale en urgence soit une hospitalisation sont :

  • La détresse respiratoire aiguë : avec désaturation en oxygène, décompensation respiratoire, tirage et cyanose. À ce stade, une oxygénothérapie est nécessaire.
  • L’apnée : les pauses respiratoires majorent la détresse respiratoire, et nécessitent la mise en place d’une ventilation non invasive.
  • La shydratation sévère, avec oligurie et sécheresse des muqueuses.
  • La surinfection bactérienne qui, si elle est plutôt rare, reste possible.
  • Une fièvre élevée persistante, une somnolence ou une altération de l’état de conscience.

En cas de doute et dès les premiers signes de gêne respiratoire ou d’aggravation des symptômes, une consultation médicale s’impose.

À noter que certains nourrissons peuvent présenter 2 voire 3 épisodes de bronchiolite. À compter de la 3ème récidive, on considère que l’enfant a un terrain asthmatique.

bebe tousse

La bronchiolite peut être évitée, en adoptant les mesures préventives habituelles inhérentes aux maladies respiratoires.

Les mesures d’hygiène :

  • Le lavage régulier des mains avant de toucher le nourrisson et après avoir été en contact avec des personnes malades.
  • Le port de masque par tous les adultes enrhumés ou qui présentent des symptômes respiratoires.
  • Les gestes barrières : les contacts avec des personnes malades seront limités, surtout en période de forte circulation du virus.

L’entretien d’un environnement sain :

Les pièces doivent être régulièrement aérées, la température de la chambre doit se situer entre 19 et 20 degrés, et le nourrisson ne doit être exposé ni au tabagisme passif ni aux lieux bondés.

Ces mesures préventives permettent aussi de limiter la circulation des autres virus qui peuvent affecter les petits malades et aggraver la bronchiolite : grippe, Covid 19…

Pour les adultes régulièrement en contact avec les nourrissons, la vaccination contre la grippe et le Covid, est fortement recommandée pour limiter les risques d’infections respiratoires concomitantes.

Depuis quelques années, l’épidémie de bronchiolite survient de plus en plus tôt, et dure de plus en plus longtemps, augmentant le nombre de passages aux urgences des moins de 2 ans, et les hospitalisations qui en découlent.

D’après le réseau OSCOUR® (Organisation de la Surveillance COordonnée des URgences), l’épidémie de l’hiver 2022-2023 a entrainé :

  • 73 262 passages aux urgences,
  • 26 104 hospitalisations après passage aux urgences, et
  • 10 801 interventions de SOS Médecins.

Mi-septembre 2023, une thérapie par anticorps monoclonal (Nirsevimab) a donc été administrée pour prévenir les cas de bronchiolite à VRS.

Le Nirsevimab aurait permis d’éviter 5 800 hospitalisations pour bronchiolite, entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024.

Son efficacité se situe entre 76 à 81%.

À l’heure actuelle, 2 traitements visent à protéger les nourrissons contre le VRS : la vaccination maternelle et l’immunisation du nouveau-né par anticorps monoclonal.

La vaccination maternelle (Abrysvo) :

La vaccination permet à la mère de fabriquer des anticorps contre VRS, qui sont transmis à l’enfant à naître à travers le placenta.

Le vaccin doit être prescrit et administré au cours du 8ème mois de grossesse pour que le nouveau-né soit protégé pendant les 6 premiers mois de sa vie.

Il réduirait les cas de bronchiolites sévères causées par le VRS de 81,8 % à 3 mois et de 69,4 % à 6 mois.

L’infirmier peut prescrire et administrer ce vaccin.

L’immunisation du nourrisson :

Elle s’obtient par une injection intramusculaire d’anticorps monoclonal.

Ce dernier est dirigé contre une protéine du VRS.

Il empêche le virus de se multiplier dans l’organisme.

Le Nirsevimab (Beyfortus) :

Il est destiné aux nouveau-nés et aux nourrissons.

Il les protège quelques jours après l’injection, et ce pendant au moins 5 mois.

Il doit être administré avant le début de la saison épidémique des bronchiolites, ou dès la naissance du nourrisson, si elle survient en cours d’épidémie.

Il est prescrit par un médecin ou une sage-femme, et peut être administré par un infirmier.

Le Palivizumab (Synagis) :

Ce traitement préventif consiste aussi en une injection d’anticorps monoclonal.
Il est indiqué pour les prématurés et les nourrissons à hauts risques.

Comme nous venons de le voir, la bronchiolite est une maladie respiratoire très contagieuse, qui est sans gravité dans la majorité des cas.


Elle requiert une surveillance attentive, et la mise en place précoce des mesures communes à toutes les maladies virales.

En revanche, quand elle touche les nourrissons vulnérables, ou devant des signes évoquant une aggravation des symptômes, une consultation médicale s’impose.

Parfois, vous pouvez être amenés à réaliser des soins plus complexes et spécifiques, avec lesquels vous n’êtes pas suffisamment à l’aise.

Dans ce cas, vous pouvez compléter votre formation initiale avec les actions de DPC dédiées.

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Source :

https://www.ameli.fr/

https://www.santepubliquefrance.fr

https://www.vidal.fr

https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-de-l-hiver/bronchiolite

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