Douleur mécanique ou inflammatoire : On vous dit tout

Définition :  

La douleur mécanique est une douleur vive et lancinante d’apparition brutale qui diminue et cesse au repos.

Il n’y a pas de dérouillage matinal (durée nécessaire à la disparition de la raideur articulaire) ou il régresse dans les 30 minutes.
La douleur ne réveille pas le patient la nuit.

Causes Courantes :  

La cause peut être reliée à l’apparition de la douleur : traumatismes et troubles internes, l’arthrose (souffrance du cartilage), les blessures, les tensions musculaires, faux mouvement, la sur-utilisation, l’usure, l’hyper-mobilité (hyperlaxité)…

La douleur mécanique est due à une usure (disque, cartilage, etc.) ou à un stress physique sur les tissus. 

On la retrouve dans l’arthrose (en dehors des crises arthrosiques) mais aussi dans les pathologies discales et celles du métabolisme phosphocalcique.

Caractéristiques :  

C’est une douleur induite , souvent localisée et liée à un mouvement spécifique : changements de position, lever, position debout ou assise prolongée, marche, poids du corps sur l’articulation, port de charges lourdes…

Elle augmente avec l’activité et est calmée par le repos.

C’est une douleur diurne : essentiellement de fin de journée (à la fatigue) et n’est pas nocturne (pas insomniante).

Les anti-inflammatoires ont peu d’effet sur la douleur.

Définition :  

La douleur inflammatoire est due à une inflammation des tissus comme dans le cas des douleurs articulaires.

La douleur inflammatoire apparaît progressivement et reste diffuse.

On ne peut pas associer son apparition à une cause précise.

Elle ne s’estompe pas avec le repos.

Elle apparaît aussi la nuit, allant jusqu’à réveiller le patient.

La douleur inflammatoire évoque surtout l’arthrite (inflammation de la synoviale) que l’on classifie en fonction de « l’agent agresseur » : infectieux, micro-cristallin ou immunologique.

La douleur est donc différente : elle est intense, permanente et insomniante dans les cas d’arthrite infectieuse ; intense et uniquement en deuxième partie de nuit en ce qui concerne l’arthrite micro-cristalline et, n’est ni intense ni permanente mais accentuée par les efforts en cas d’arthrite immunologique.

Causes Courantes :  

Parmi les causes les plus fréquentes, on retrouve les troubles inflammatoires systémiques comme la polyarthrite rhumatoïde ou l’arthrite psoriasique mais aussi les tendinites, bursites, arthrites induites par des cristaux (pseudo-goutte), synovites, infections, crises d’arthrose…

Caractéristiques :  

La douleur inflammatoire s’oppose à la douleur mécanique :

C’est une douleur spontanée : elle n’est pas déclenchée par le mouvement, elle est permanente, elle cède plus ou moins complètement après le dérouillage matinal et s’atténue avec les mouvements.

C’est une douleur nocturne qui réveille le malade dans la deuxième partie de la nuit. Elle est également intense le matin au réveil, après une période d’inactivité.

On observe les signes typiques de l’inflammation : gonflement, rougeur, chaleur et raideur dans la zone affectée. 

Elle est soulagée par les anti-inflammatoires.

Douleur mécaniqueDouleur inflammatoire  
Absence de dérouillage matinal (ou – de 15 minutes.Dérouillage matinal : + de 30 minutes.  
Aggravée par l’activité, soulagée par le repos.Aggravée par le repos, améliorée par l’activité, douleur persistante.  
Peu de signes inflammatoires, pas de signe d’arthrite, parfois exostoses.Rougeur, chaleur autour de l’articulation ou du muscle, tuméfaction (signes d’arthrite).  
Pas de symptômes systémiques.Symptômes systémiques : fièvre, fatigue, rash…  
Fluctue avec l’activité physique.Constante ou fluctuante, sans lien direct avec l’activité.  
Examens sanguins : Bilan vitamino-calcique, saturation de la transférine.  Examens sanguins : Formule sanguine, CRP, VS, autoanticorps.
Exemples d’image radiologique : Ostéophytes, pincement articulaire, ostéonécrose…  Exemples d’image radiologique : Pincements, érosions, périostites…
Exemples de troubles : Lombalgie aiguë, cervicalgie, hernie discale, sciatique…  Exemples de troubles : Lombalgie chronique, arthrite…

Classiquement, le diagnostic et l’évaluation débutent par un interrogatoire et un examen clinique minutieux qui permettent de déterminer les premières orientations diagnostiques et de sélectionner les examens complémentaires qui permettront de confirmer le diagnostic.

L’historique Médical :  

L’anamnèse est essentielle pour poser le bon diagnostic.

Elle renseigne notamment sur l’historique des symptômes et sur le terrain du patient : antécédents, profession, loisirs, activités sportives, psychisme, etc.

Par exemple, on cherchera une pathologie mécanique devant un sujet jeune sans antécédent particulier ou un tassement ostéoporotique face à une femme de plus de 50 ans.

L’interrogatoire doit aussi porter sur les relations sexuelles non protégées (arthrite bactérienne infectieuse avec infection gonococcique disséminée) et sur des morsures de tique ou des séjours où la maladie de Lyme est endémique.

Les antécédents médicaux et familiaux permettent d’identifier les troubles inflammatoires systémiques connus.

De même, un antécédent de cancer fera immédiatement penser à une éventuelle métastase vertébrale, devant un tableau de lombalgie sans cause mécanique et accompagné d’une AEG.

Linterrogatoire :

Il comportera :

  • La date de l’apparition de la douleur ;
  • Le mode d’apparition (douleur spontanée ou provoquée) ;
  • Le mode d’installation (brutal, progressif) ;
  • L’évolution au cours de la journée et dans le temps : augmentation ou diminution des accès douloureux, sans répit, intermittente, continue, aiguë, chronique  … ;
  • L’horaire de la douleur : diurne, nocturne ;
  • L’intensité de la douleur ;
  • Les caractéristiques de la raideur matinale ;
  • La ou les zone(s) douloureuse(s) ;
  • Le type de douleur : en pointe, en barre, en coup de poignard, diffuse, locale ;
  • Les facteurs calmants (médicaments, position couchée…) et aggravants (effort, la nuit…) ;
  • Les signes associés : fièvre, la toux, etc. ;
  • Les irradiations ;
  • Les aides techniques : béquilles, canne simple, fauteuil roulant et,
  • Les répercussions sur le quotidien.

L’examen clinique :

Il débutera par l’inspection qui permet de rechercher des signes locaux (oedème, déformation d’un os ou d’une articulation…), des signes régionaux (atrophie musculaire, perte d’extensibilité…) et des signes généraux (attitude spontanée, morphotype, alignement des segments…).

Et, létude de la marche qui permet de relever le périmètre de marche ou une boiterie (esquive du pas, raideur d’une articulation, boiterie de Tredelenbourg avec le balancement des épaules…).

  • L’examen local étudiera la température locale, l’oedème, la mobilisation active et passive de l’articulation ou de la zone douloureuse, les mobilisations spécifique et recherchera les mouvements anormaux (laxité, raideur, instabilité), les éventuels bruits articulaires (ressauts, claquements, craquement…)…
  • L’examen régional relèvera les mensuration des membres, du périmètre musculaire, de l’extensibilité musculaire, une déformation ou une augmentation de volume des tissus mous. Il permettra d’examiner l’articulation sus et sous-jacente (exemple pour le genou, on examine la cheville et la hanche) mais aussi de palper l’ensemble des tissus et des repères osseux locaux, d’inspecter l’état veineux et lymphatiques et d’évaluer l’état clinique neurologique (notamment dans le cadre de lésions de structures avoisinant la moelle épinière).
  • L’examen général permettra l’analyse des grandes fonctions de l’organisme (coeur, poumons, organes génitaux, palpation abdominale), de déterminer le type de douleur et donc, d’avoir une orientation diagnostique assez précise.
  • L’examen cardio-pulmonaire doit mentionner tous les signes de pleurésie, de péricardite ou d’anomalies valvulaires (souffle, frottement péricardique, bruits cardiaques étouffés, matité des bases indiquant un épanchement pleural bilatéral…).
  • L’examen génital doit rechercher tout écoulement, ulcère ou autres signes indiquant une IST.

Evaluation de l’intensité de la douleur

L’intensité de la douleur donne une indication sur l’intensité des lésions articulaires. Elle peut être jugée sur les éléments suivants :

– l‘échelle visuelle analogique (EVA) ;

– la dose totale dantalgique prise par 24 heures ;

– l’évaluation du périmètre de marche pour les articulations portantes (à chiffrer en mètres ou en temps) ;

la nécessité d’utiliser une canne pour soulager l’articulation atteinte ;

la limitation de l’activité physique : gêne pour monter les escaliers, pour réaliser certains gestes de la vie courante, etc.

Vous l’aurez compris, l’examen clinique permet déjà de différencier les causes mécaniques des causes inflammatoires et de savoir si les douleurs proviennent des articulations, d’autres structures adjacentes (os, tendons, bourses séreuses, muscles), ou des deux (comme dans la goutte).

Une douleur au repos et au début d’une activité suggère une inflammation alors qu’une douleur exacerbée par le mouvement et soulagée par le repos oriente plutôt vers des troubles d’origine mécanique.

Une raideur matinale prolongée ou après une inactivité prolongée (phénomène de gel), un gonflement articulaire non traumatique d’une articulation, une fièvre ou une perte de poids sont évocateurs d’une affection inflammatoire articulaire.

Les tests Complémentaires :  

Ils comprennent :

  • L’imagerie médicale : radiographies, échographies. 
  • Les tests sanguins, en fonction de l’orientation diagnostique : marqueurs inflammatoires comme la CRP (C-Réactive Protéine) et la VS (vitesse de sédimentation), NFS (numération de la formule sanguine), uricémie, calcémie (+ calciurie), phosphorémie, hémocultures, bilan immunologique . 

Les examens de seconde intention suivants seront envisagés pour affiner ou confirmer le diagnostic :

  • IRM
  • Arthrographie
  • Arthroscanner
  • Scintigraphie osseuse
  • Analyse de la ponction articulaire : micro-cristaux, examen bactériologique direct et indirect, nombre et type des cellules…

Traitements de la Douleur Mécanique :  

Le traitement des douleurs mécaniques repose essentiellement sur :

  • La physiothérapie, les exercices de renforcement et d’étirement ;
  • Les dispositifs de soutien comme les orthèses ;
  • Les analgésiques (paracétamol) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). 

Traitements de la Douleur Inflammatoire :  

Les douleurs inflammatoires, elles, sont traitées avec :

  • Les anti-inflammatoires : AINS, corticostéroïdes. 
  • Les antibiotiques en cas d’infection.
  • Les thérapies immunosuppressives en cas de maladies auto-immunes. 
  • La physiothérapie et les thérapies complémentaires (comme la cryothérapie qui a un effet antalgique sur les inflammations articulaires). 

L’activité physique continue doit être encouragée pour éviter l’atrophie musculaire secondaire.

Prévention et Conseils Pratiques :

Pour la Douleur Mécanique :  

La pratique régulière et adaptée de l’exercice physique et l’apprentissage des techniques pour éviter les blessures et le surmenage sont essentielles pour prévenir la survenue des douleurs mécaniques. 

Pour la Douleur Inflammatoire :  

Il est impératif de gérer les facteurs de risque que sont l’alimentation et le mode de vie qui doivent être le plus sains possible. 

Le suivi médical doit être régulier et le traitement, ajusté en cas de poussées. 

Pour résumer, la douleur mécanique est la douleur du mouvement tandis que la douleur inflammatoire peut être considérée comme étant la douleur de repos.

Deux autres critères complètent le tableau : le dérouillage matinal supérieur à 15 minutes et le réveil nocturne du patient par les douleurs inflammatoires, non observés en cas de douleur mécanique.

Une consultation médicale, incluant un interrogatoire minutieux, est primordial pour poser un diagnostic précis et proposer le traitement le plus efficace possible. 

Et, vous, à quel type de douleur êtes-vous confrontés dans votre quotidien ?

Avez-vous des astuces pour les soulager ?

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