Le rôle clé de l’IDEL dans la couverture vaccinale : Impact et responsabilités

C’est l’une des raisons pour lesquelles, vos prérogatives en matière de vaccination ont été élargies.

Mais, qu’est-ce que la couverture vaccinale et quel rôle pouvez-vous jouer pour l’améliorer et promouvoir son principal outil : le vaccin, qui est aussi l’un des actes que vous réalisez au quotidien ?

Définition et rôle :

La couverture vaccinale correspond à la proportion de personnes vaccinées dans une population à un moment donné.  

Plus précisément, il s’agit du rapport entre le nombre de personnes correctement vaccinées selon les schémas prévus, et le nombre total des cibles visées pour un vaccin donné.

La couverture vaccinale peut faire référence à 1 ou plusieurs doses de vaccin, suivies de rappels, recommandés à des intervalles spécifiques dictés par le calendrier vaccinal, qui est régulièrement mis à jour.

La couverture vaccinale est un des indicateurs permettant de suivre et d’évaluer l’impact d’un programme de vaccination (incidence, mortalité…).

Pour rappel, une couverture vaccinale doit être maintenue dans les normes, pour contrôler la maladie infectieuse qu’elle cible, et protéger la population contre cette dernière.

À noter que, conformément aux recommandations de la HAS du 27 mars 2024, et pour lutter contre la recrudescence des cas de méningites en France, la vaccination contre les méningocoques C sera étendue à ACWY, et celle contre les méningocoques B deviendra obligatoire chez les nourrissons, à compter du 1er janvier 2025.

Évaluation de la couverture vaccinale :

Le plus souvent, la couverture vaccinale est mesurée dans des groupes spécifiques ciblés par une vaccination donnée, selon des critères préalablement définis et liés soit à :    

  • L’âge : grippe chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
  • Une profession : hépatite B chez les professionnels de santé.
  • Une catégorie sociale : BCG chez les enfants à risque élevé de contracter la tuberculose.
  • Une zone géographique : fièvre jaune en Guyane.
schema criteres ciblage couverture vaccinale

Pour l’estimer, il est indispensable de recueillir le statut vaccinal soit :

  • Directement auprès de la population, par le biais de questionnaires ou de cycles d’enquêtes scolaires : ce sont les données déclaratives, pas forcément toujours fiables.
  • Par le biais des certificats de santé (pour les nourrissons), carnets de vaccination ou de santé, données issues des remboursements de vaccins : c’est ce qu’on appelle les données confirmées, que vous contribuez à fournir, notamment en traçant les vaccins que vous réalisez.

À noter que certains professionnels de santé établissent de faux certificats de vaccination ou de contre-indication à la vaccination, soit par compassion, notamment à l’égard des parents de nourrissons apeurés, soit par militantisme ou avidité.

Outre le risque de mise en danger de la vie d’autrui, ces fausses déclarations biaisent les données de santé publique (efficacité des vaccins, effets indésirables, taux de couverture vaccinale, épidémiologie…). Ces comportements sont lourdement sanctionnés.

Grâce à votre expertise et votre proximité avec la population, notamment celle plus isolée et/ou plus fragile, vous avez un rôle majeur à jouer dans la vaccination du plus grand nombre : prévention, sensibilisation, accompagnement, informations sur le calendrier vaccinal et les modalités de vaccination, lutte contre la désinformation …

Compétences actuelles des IDEL :

D’autant plus, qu’aujourd’hui, non seulement vous pouvez vacciner toutes les cibles prévues contre la grippe et le Covid, sans prescription médicale, mais, vous pouvez aussi prescrire et administrer les vaccins aux personnes de 11 ans et plus, conformément aux recommandations en vigueur, et sous certaines conditions.

Encadrement réglementaire :

En effet, le Décret n° 2023-736 du 8 août 2023 a élargi vos compétences vaccinales.

En contrepartie, vous participez à la traçabilité des vaccins (nom du vaccin, numéro de lot, date de réalisation de l’acte), et les déclarez et/ou les consignez sur les :

 – Carnet de santé et dossier de santé papier et/ou numérique.

  • Plateformes dédiées, si disponible (Covid).

Vous signalez au centre de pharmacovigilance les effets indésirables que vous observez ou que l’on vous signale, et qui sont susceptibles d’être dus au vaccin. 

Exigences de formation pour prescrire et administrer des vaccins :

Néanmoins, pour exercer cette nouvelle compétence et devenir infirmier-prescripteur, vous devez valider une formation spécifique d’une durée de 10h30 : des modules DPC axés sur les nouveaux protocoles et les nouvelles technologies vaccinales sont disponibles.

Ils vous permettent aussi de consolider vos acquis et d’actualiser vos connaissances.

Ensuite, vous déclarez cette nouvelle activité au Conseil de l’ordre dont vous dépendez, et à votre assurance RCP pour couvrir ce nouveau risque.

À noter que seule l’activité de prescription vaccinale nécessite de suivre cette formation ; l’acte d’injection relève déjà de vos compétences.

Impact des compétences IDEL sur la couverture vaccinale :

En tant qu’acteur de proximité et du fait de votre mobilité, vous facilitez l’accès aux soins et contribuez à réduire les disparités qu’induisent les zones de désertification médicale.

Par les missions de promotion à la santé que vous exercez chaque année, en sensibilisant les personnes âgées ou vulnérables, durant les campagnes de vaccination contre la grippe ou le pneumocoque, vous participez déjà au maintien ou à l’amélioration de la couverture vaccinale.

Aujourd’hui, vous pouvez agir sur les autres maladies infectieuses évitables par la vaccination, conformément à la législation en vigueur.

idel vaccine un patient

Enjeux éthiques et déontologiques :

Par votre statut d’infirmier, vous êtes l’un des garants de la santé publique, et à ce titre, vous promouvez la vaccination, et fournissez des informations claires, fiables, et conformes aux recommandations des pouvoirs publics, à son sujet.

Votre rôle est aussi d’informer le patient sur les bénéfices attendus et les risques liés à la vaccination.

Vous recueillez le consentement éclairé des patients et respectez les contre-indications médicales.

À noter que toute prescription, y compris celle d’un vaccin, engage votre responsabilité.

Responsabilités techniques :

Administration des vaccins :

Vous adaptez la technique d’injection au type de vaccin que vous administrez. En règle générale, les vaccins inactivés sont injectés par voie intramusculaire profonde, tandis que les vaccins vivants atténués sont injectés par voie sous-cutanée.

Chez l’adulte, l’injection se fait principalement au niveau de l’épaule (muscle deltoïde), tandis que chez les nourrissons qui ne marchent pas encore, elle se fait au niveau de la cuisse.

Gestion des effets secondaires :

Vous organisez ensuite la surveillance post-vaccinale immédiate, et déclarez au besoin, les effets indésirables via le portail de pharmacovigilance prévu à cet effet.

Gestion logistique :

Vous respectez les recommandations liées au stockage et à la conservation des vaccins pour garantir leur efficacité : respect de la chaîne du froid.

Traçabilité :

Vous consignez le vaccin dans le Dossier Médical du Patient (DMP), et alimentez les plateformes dédiées, comme le portail Ameli Pro, par exemple.

La traçabilité est également indispensable pour justifier les actes de vaccination que vous réalisez, auprès des organismes d’assurance maladie.

Cotation :

Les actes de vaccination se cotent et se facturent comme suit :

  • AMI 2.4 soit 7,56 € : si le vaccin ne nécessite pas de prescription ou si la prescription est rédigée par un autre professionnel de santé.
  • AMI 3.05 soit 9,61 €, si vous prescrivez le vaccin soumis à prescription obligatoire.

À noter que lorsqu’ils sont réalisés à domicile, ces actes de vaccination dérogent aux dispositions de l’article 11B des dispositions générales de votre NGAP. Vous pouvez donc les cumuler à taux plein, quel que soit le coefficient du ou des actes qui y sont éventuellement associés.

Quand vous facturez l’acte d’injection,si vous avez prescrit le vaccin, vous renseignez votre numéro professionnel dans la zone destinée à l’identification du prescripteur.

Facturation :

Pour facturer le vaccin, vous procédez de la même manière que pour les autres actes. Vous utilisez soit :

  • Une feuille de soins sécurisée (FSE), que vous télétransmettez avec votre logiciel métier : pour les actes qui ne sont pas soumis à une prescription médicale préalable, il n’est pas nécessaire de joindre une pièce justificative.
  • Une feuille de soins papier (FSP), que vous transmettez par SCOR ou par pli postal à la caisse d’assurance maladie.

À noter que l’acte d’injection réalisé chez les personnes non ciblées n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie.

Coopération avec les Médecins :

En cas de doute concernant la prescription d’un vaccin, en présence d’antécédents d’allergie ou de contre-indications ou si votre patient est à risque ou que son état général est précaire, n’hésitez pas à initier une consultation médicale pour avis et à collaborer avec son médecin traitant.

Partenariat avec les pharmaciens :

Vous pouvez également collaborer étroitement avec les pharmaciens, notamment dans le cadre des campagnes de vaccination (grippe, Covid-19). En effet, si les pharmaciens délivrent les vaccins, dans la majorité des cas, c’est vous qui intervenez pour les administrer à la population.

Approche multidisciplinaire :

Vous pouvez aussi vous rapprocher de l’ARS et des collectivités locales, afin de contribuer aux campagnes de sensibilisation, et vous identifier auprès des centres de vaccination, qui pourraient avoir besoin de renfort, notamment en cas d’épidémies.

Enfin, des réunions interprofessionnelles, destinées à harmoniser les pratiques vaccinales, sont également disponibles.
N’hésitez pas à vous renseigner et à participer à certaines de ces actions.

Défis actuels :

Si en théorie, l’élargissement de cette compétence vaccinale est une avancée intéressante et une reconnaissance de notre profession, en pratique, sa mise en œuvre peut soulever quelques doutes ou appréhensions.

En effet, prescrire et administrer des vaccins en dehors de sa patientèle habituelle, peut encore alourdir une charge de travail quotidienne déjà pesante.

Comment s’organiser pour absorber cette nouvelle manne de patients ?

Comment se dégager du temps pour rassurer les plus inquiets d’entre eux ou lutter contre la désinformation quand les journées sont déjà bien remplies ?

Ai-je envie de passer mes journées de repos à tracer, déclarer et facturer ces actes ponctuels ?

Autant de points et d’aménagements qui peuvent vous freiner et vous empêcher de vous lancer dans cette nouvelle activité.

Opportunités :

En revanche, votre rôle d’infirmier-prescripteur est reconnu dans les campagnes de santé publique, et grâce à la formation dédiée à la vaccination et aux nouvelles technologies, vous améliorez vos connaissances et acquérez des compétences spécifiques.

Enfin, votre activité de prescripteur est valorisée et rémunérée grâce à la création d’un acte spécifique.

En tant que garant de la santé publique et grâce à votre expertise, vous pouvez changer les choses et choisir de participer à cet enjeu national qu’est la lutte contre les maladies à protection vaccinale.

En effet, votre mobilité et votre proximité avec les populations vulnérables et isolées, font de vous un acteur majeur de la vaccination et de la protection des plus fragiles, sur tout le territoire.

Alors, si vous souhaitez vous impliquer dans ces actions d’utilité publique, vous pouvez vous inscrire aux formations dédiées, et vous familiariser avec les outils numériques disponibles pour optimiser votre pratique.

Que pensez-vous de cet élargissement de compétence et de votre contribution dans l’amélioration de la couverture vaccinale ?

Enfin si vous souhaitez sensibiliser vos collègues à l’importance de leur mission vaccinale, n’hésitez pas à leur partager cet article.

Source :

Ameli

HAS

Vaccination info service

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