Vaccination : Controverse et défiance autour des vaccins en France

Et, en améliorant encore la couverture vaccinale, 1,5 million de vies supplémentaires pourraient être sauvées.

Pourtant, nombreux sont ceux qui se méfient ou refusent cet acte de prévention simple, qui a largement fait ses preuves.

Cette réticence à se faire vacciner ne remet pas seulement en cause les progrès obtenus dans la lutte contre les maladies à prévention vaccinale, mais, elle participe aussi à la baisse de la couverture vaccinale.

Or, pour protéger efficacement les populations contre ces maladies évitables, la couverture vaccinale doit atteindre 95%.

En France, seules 3 des maladies soumises à la vaccination obligatoire atteignent ce taux : la Diphtérie, le Tétanos et la Poliomyélite.

En revanche, d’autres maladies comme l’Hépatite B, l’infection à Méningocoque C ou les maladies ROR sont encore responsables d’épidémies, de handicaps voire de décès, tous évitables, faute de couverture vaccinale suffisante.

Outre la peur d’éventuels effets secondaires qu’induiraient les vaccins, d’autres causes comme le militantisme politique, l’influence des réseaux sociaux, la surmédiatisation d’accidents vaccinaux isolés ou encore la baisse de confiance à l’égard de la médecine et de l’industrie pharmaceutique, participent à cette défiance à l’égard des vaccins.

Tout d’abord, rappelons que la vaccination est née des travaux de E. Jenner, médecin anglais du 18ème siècle, qui a mis au point le 1er vaccin pour lutter contre l’épidémie de variole qui sévissait.

Moins de 2 siècles plus tard, cette maladie disparaissait grâce à la généralisation du vaccin antivariolique.

À noter que le nom de « vaccin » vient de la « vaccine », variole des vaches, dont les symptômes évoquaient ceux de la variole humaine.

Au 19ème siècle, Pasteur, comprenant que les maladies contagieuses étaient dues à des microbes, développe d’autres vaccins sur le même principe que celui utilisé par Jenner : se prémunir des maladies grâce à l’administration préventive de leurs formes atténuées.

Il débute ses travaux sur le choléra (poule) et la maladie du charbon (ovin) avant de mettre au point son célèbre vaccin contre la rage.

Fin 19ème siècle, E. Roux et A. Yersin travaillent sur un vaccin contre la diphtérie, tandis que Koch travaille sur celui contre le tétanos, qui sauvera des millions de vies durant la Grande Guerre.

Dans les années 1920, G. Ramon découvre l’efficacité des adjuvants dans la vaccination.

En 1926, d’autres chercheurs remplacent les composés d’amidon par un autre adjuvant : l’hydroxyde d’aluminium, qui sera largement utilisé par la suite.

Dans les années 1930, J. Salk met au point le premier vaccin contre la grippe puis, celui contre la Poliomyélite, en 1955.

Dans les années 1950-1960, les vaccins combinés se développent avec, notamment les vaccins trivalents DTP (Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite) et ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole).

Dans les années 1970, P. Maupas met au point son premier vaccin contre l’hépatite B.  

Puis, ce sont les vaccins contre le ningocoque C et le Pneumocoque qui voient le jour dans les années 1980.

Le vaccin contre les infections à Papillomavirus humains (HPV) est commercialisé à partir de 2006, et plus près, celui contre le virus Ebola est mis sur le marché en 2019.

Enfin, avec la pandémie de Covid-19, les vaccins à ARN messager sont apparus. Il s’agit d’injecter dans l’organisme, des molécules d’ARNm encapsulé dans des particules de lipides, sans ajout d’adjuvant chimique.

Dans le cas du vaccin anti-Covid-19, l’ARNm ordonne aux cellules situées au niveau du site d’injection de fabriquer une protéine spécifique du virus responsable de la maladie, afin d’activer la réponse immunitaire.

Il est ensuite rapidement éliminé.

L’ARN messager ne pénètre jamais dans le noyau de la cellule et n’a aucune action sur le génome. 

Quelle que soit la technique utilisée pour développer le vaccin, son principe reste le même : l’introduction d’un fragment de microbe dans l’organisme, pour qu’il puisse le reconnaître et l’éliminer s’il le rencontre ultérieurement.

patient se fait vacciner

Depuis le 1er janvier 2018, les enfants de moins de 2 ans doivent recevoir onze vaccins obligatoires : Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite, Coqueluche, Rougeole, Oreillons, Rubéole, Hépatite B, Méningocoque C, Pneumocoque et Haemophilus influenzae b.

Cette obligation vaccinale conditionne l’entrée ou le maintien des enfants dans les écoles, les crèches, et/ou toute autre collectivité accueillant des enfants.

L’extension de cette obligation a pour objectif la protection individuelle et collective.

En effet, la vaccination agit comme un « bouclier », notamment pour les personnes les plus fragiles : nourrissons trop jeunes pour être vaccinés, femmes enceintes, personnes âgées et personnes immunodéprimées.

À noter que, bien que la sanction pénale de refus de vaccination soit supprimée, des poursuites peuvent toujours avoir lieu pour mise en danger de l’enfant non vacciné ou contamination d’autres enfants par des maladies qui auraient pu être évitées par la vaccination. prothèses dentaires devenues trop grandes… sont autant de signes qui doivent aussi vous alerter.

En premier lieu, rappelons que certains dans le monde, n’ont pas accès à ce service.
Et, que d’autres, minimisent les risques de résurgence d’une maladie enrayée ou s’estiment suffisamment protégés, notamment grâce à la consommation de produits naturels estampillés immunoprotecteurs.

Ils ne sont pas opposés à la vaccination, et l’acceptent quand la situation l’exige.

En revanche, pour d’autres, l’éducation demande du temps et de l’énergie, tant les discours antivaccins ont imprégné la société française, une des plus vaccino-septiques !

L’impact des réseaux sociaux :

En cause, la généralisation d’internet et des réseaux sociaux, qui a permis à l’information, quelle qu’elle soit, de circuler plus vite.

Dès lors, on a assisté, impuissants, à un matraquage de Fake news et de rumeurs, qui ont semé le doute dans certains esprits, comme ce fut le cas avec l’étude frauduleuse liant le vaccin ROR et l’autisme, ou lors de la mise en cause du vaccin contre l’hépatite B dans la survenue de Scléroses en plaques.

L’information n’étant pas contrôlée, les complotistes ont largement profité de cette brèche pour diffuser massivement leurs théories, qui ne s’appuient sur aucun fait médical tangible.

Et, comme le discours anti-vaccinal circule librement, il est parfois considéré comme aussi fiable que les informations scientifiques validées et éprouvées.

Aujourd’hui, certains n’hésitent pas à mettre en balance l’avis d’ « amis » issus de communautés virtuelles, et la recommandation médicale, y compris celle émanant des plus hautes instances comme l’OMS, avant de prendre leur décision.

À leur décharge, le comportement de certains médecins-influenceurs, adeptes du buzz médiatique, qui dénonçaient ouvertement la politique de santé voire encourageaient les thèses complotistes et les manifestations antivax, a semé le trouble et accentué la crise de confiance à l’égard de la médecine, déjà fragilisée.

Méfiance envers les Laboratoires Pharmaceutiques :

En effet, la crise de confiance vis-à-vis de la médecine et des Laboratoires, est aussi liée aux scandales sanitaires de ces dernières années : affaire du sang contaminé, Distilbène, Médiator, Dépakine, Levothyrox, prothèses PIP… et, ont participé à cette méfiance galopante.

De plus, les laboratoires sont accusés de faire des profits sur le « dos » des citoyens, et au détriment de leur santé.


Dans les cas les plus extrêmes, sont avancées des théories de connivence entre l’État et l’industrie pharmaceutique, qualifiée de Big Pharma, le premier étant supposé baser sa politique de santé pour servir les intérêts de la seconde…

Crise de confiance envers les politiques et les institutions :

À noter que la polémique autour de la vaccination de masse contre la grippe H1N1, et l’utilisation d’une communication alarmiste et poussive pour « contraindre » les foules à se faire vacciner, ont encore amplifié ce phénomène de rejet.

Qui plus est, la défiance à l’égard de nos dirigeants politiques a atteint un tel degré, que de s’opposer à la vaccination revient à s’opposer au gouvernement, comme nous l’avons vu durant la pandémie de Covid-19.

Perte de confiance en la médecine conventionnelle :

Enfin, la désertification médicale, les temps de consultation toujours plus courts, et une absence de solutions concrètes à différents maux actuels, ont poussé les Français à se tourner vers les médecines alternatives, dont les représentants boycottent plus ou moins ouvertement les vaccins qu’ils considèrent comme un poison !

Inquiétudes sur les effets secondaires :

Bien sûr, quand on injecte un vaccin, le risque zéro n’existe pas : les cas d’anaphylaxie et le décès accidentel restent possibles ; une infime partie des nôtres pourra même développer un effet indésirable rare.

Mais, ils restent anecdotiques, et dans la quasi-totalité des cas, aucun effet secondaire ne se manifestera, à l’exception des signes habituels, qui se dissipent rapidement, comme la douleur au point d’injection, un épisode fébrile de courte durée et/ou quelques courbatures.

Droit à la Liberté Personnelle :

Le discours évoquant le droit à la liberté individuelle a largement été martelé par les antivax et les opposants au gouvernement, durant la pandémie de Covid-19, y compris par certains soignants.

Or, si dans un cadre privé, le refus de se faire vacciner ou se positionner contre le vaccin, est autorisé, rappelons que, dans le cadre professionnel, notre Code de déontologie indique que nous sommes les garants de notre profession et de l’image qu’elle renvoie, et qu’en tant que professionnels de santé, nous devons respecter et promouvoir les politiques de santé, qui se basent sur des travaux et des traitements largement éprouvés, et validés par les plus hautes instances.

Promouvoir la vaccination fait donc partie intégrante de nos obligations légales.

Qui plus est, l’intérêt collectif prime et primera toujours sur l’intérêt individuel.
C’est la raison pour laquelle les soignants qui ont refusé le vaccin contre le Covid ont été écartés des patients, l’enjeu étant de prémunir la collectivité contre la transmission d’un virus qui avait déjà causé des millions de morts à travers le monde.

virus

Comme vous le savez, l’immunité collective est primordiale pour protéger les populations vulnérables.

Or, la couverture vaccinale a baissé de 5%, et certaines maladies évitables comme la rougeole ou la coqueluche, réapparaissent.

Dans le cas de la rougeole, on a d’ailleurs constaté une recrudescence de 30% du nombre de cas dans le monde, y compris dans certains pays où la maladie avait disparu.omme l’alimentation entérale ou parentérale, les recommandations du médecin doivent être respectées.

Rétablir la confiance dans les vaccins est donc indispensable.

Cela passe par une communication claire et transparente sur les bénéfices mais aussi sur les effets secondaires des vaccins, notamment durant les campagnes de sensibilisation.

Le partenariat avec des plateformes comme Doctolib, Medicalib, Qare ou encore Libheros… peut aussi permettre de lutter contre les Fake news, en grande partie responsables de la baisse de la vaccination, ces dernières années.

En tant que professionnels de santé, vous devez participer à cette réassurance des patients, et contribuer à communiquer des informations médicales fiables, conformes aux recommandations et, le cas échéant, informer des risques encourus en cas de non-respect des consignes.

Parce que, gageons que si le refus de la vaccination persistait et que d’autres maladies réapparaissaient, mettant les populations en danger, les autorités n’auraient d’autre choix que de recourir une nouvelle fois à l’obligation vaccinale pour protéger les personnes à risque, avec cet effet contre-productif que nous ne connaissons que trop bien.

Bien sûr, la méfiance à l’égard de la vaccination a toujours existé.

Mais, si jusqu’à la pandémie de Covid-19, elle restait plus ou moins silencieuse, avec l’avènement des réseaux sociaux et la succession des crises politiques et sanitaires des dernières années, elle a pris une ampleur incompréhensible, et menace aujourd’hui d’annuler les progrès obtenus dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination.

Devant la baisse de la couverture vaccinale, et ce risque de résurgence de maladies normalement enrayées, il est dont primordial de restaurer la confiance dans la vaccination.

En tant que professionnel de santé, vous devez vous réapproprier ce rôle éducatif autour de cet acte d’utilité publique, et recentrer l’information sur les preuves scientifiques.

D’autant plus qu’aujourd’hui, vous avez même la possibilité de prescrire la majorité des vaccins à condition d’avoir suivi une formation spécifique.

N’hésitez donc pas à participer à une action de DPC pour réactualiser vos connaissances et utiliser cette nouvelle compétence.

Enfin, n’oubliez pas que se vacciner, c’est non seulement se protéger soi-même mais c’est aussi et surtout protéger les autres.

Comment avez-vous vécu la période vaccinale du Covid-19 ?

Comment abordiez-vous la question de la vaccination avec vos patients réfractaires ?

Enfin, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager à vos proches ou à vos collègues.

Source :

https://www.ameli.fr/

https://shs.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2020-2-page-243?lang=fr&WT.tsrc=cairnEmailAlert&WT.mc_id=RFS_612&contenu=article

https://www.science-et-vie.com

https://www.has-sante.fr

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